Les événements autour du jazz à Paris continuent de proposer des rendez-vous intéressants, et la programmation du festival Jazz sur Seine met en lumière deux artistes dont les approches, bien que différentes, méritent une attention particulière : Charlotte Reinhardt et Ellinoa. Ces deux concerts, prévus en octobre, marquent la sortie de nouveaux travaux pour chacune.
Charlotte Reinhardt et la continuité de Fables
Charlotte Reinhardt, dont le nom résonne inévitablement avec l’héritage de Django Reinhardt, présentera la version *Deluxe* de son album « Fables » au Sunset les 9 et 10 octobre. Il est intéressant de noter comment elle utilise cet ancrage familial non pas comme une contrainte, mais comme un point de départ pour tisser une musique qui s’éloigne des sentiers battus du manouche traditionnel. La musique de Reinhardt se caractérise par une atmosphère que l’on pourrait décrire comme onirique, où le piano occupe une place centrale, soutenu par des textures sonores éthérées. L’ajout de quatre morceaux inédits dans cette édition Deluxe suggère une volonté de complexifier encore le récit musical initié avec l’album original. Ce genre de prolongement discographique permet souvent de jauger la profondeur d’un projet initial, en révélant des facettes laissées en suspens.
Ellinoa et l’inspiration japonaise de Mejiro
Quelques jours plus tard, le 14 octobre, Ellinoa investira le Lavoir Moderne avec son nouvel album, « Mejiro ». Le titre, emprunté à un quartier de Tokyo et à un petit oiseau japonais, donne immédiatement la couleur de cette œuvre. Ellinoa, chanteuse et compositrice, semble avoir puisé dans l’imaginaire et la culture japonaise pour structurer son propos musical. Ce qui frappe dans la description de son travail, c’est l’assemblage d’influences : on parle de musique de chambre, de jazz, et de chanson, le tout articulé autour d’une instrumentation riche et spécifique. La présence de violon, alto et violoncelle aux côtés de la mandoline et des arrangements vocaux suggère une écriture qui cherche à naviguer entre les codes du classique contemporain et ceux de l’improvisation jazz. Le jeu des contrastes, entre ombre et lumière, semble être un moteur de cette création, cherchant une voie singulière en dehors des classifications stylistiques habituelles.
La complémentarité des scènes parisiennes
Ces deux événements, bien que distincts, témoignent de la vitalité de la scène jazz parisienne, capable d’accueillir à la fois des artistes ancrés dans une tradition réinventée comme Reinhardt, et celles qui explorent des croisements plus audacieux comme Ellinoa. Le choix des lieux – le Sunset pour Reinhardt, plus habitué aux formations jazz établies, et le Lavoir Moderne pour Ellinoa, souvent associé à des propositions plus hybrides – reflète peut-être cette dualité. Voir ces deux artistes présenter leurs nouvelles œuvres dans un laps de temps si court offre une occasion de comparer deux manières d’aborder la composition et l’interprétation dans le spectre élargi du jazz actuel. L’écoute attentive des arrangements et des choix instrumentaux dans ces contextes live promet des révélations sur la direction que prennent ces musiques. Ces dates d’octobre s’annoncent donc comme des moments importants pour quiconque suit l’évolution des nouvelles voix du jazz français, offrant deux perspectives riches et distinctes à explorer.