C’est un peu par hasard que mercredi soir je suis tombé sur l’émission Taratata avec au programme des artistes reconnus en France mais aussi mondialement tels que Zaz, Raphael, Benjamin Biolay, Charlotte Cardin pour le côté francophone et Biffy Clyro ou The last dinner party pour la partie internationale.
Mais pour moi le coup de coeur de cette émission fût la découverte d’un artiste que je ne connaissais que par le biais d’un podcast de France Inter sur « Madeleine » de Jacques Brel, cette fois -ci sa verve se met au service de la musique.
Le poète a branché son micro. Et sans bruit, Félix Radu s’est glissé dans le paysage de la chanson française avec Infini+3, un premier album à la fois fragile et lumineux, paru le 26 septembre 2025 chez Sony Music France. Treize titres qui transforment les mots en matière sonore et la poésie en chanson.
On le connaissait pour ses chroniques radio, ses tirades pleines d’esprit et ses textes ciselés. On découvre aujourd’hui un auteur-compositeur-interprète qui ne renie rien de sa plume. Ici, pas de refrains calibrés ni d’autotune de confort : Infini+3 respire le texte, la voix nue, et le temps qui passe.
Musicalement, Radu opte pour une production épurée : un piano qui respire, quelques arpèges de guitare, des nappes électroniques en arrière-plan. Une approche minimaliste signée Roxane Productions, qui laisse les mots flotter. On pense parfois à Ben Mazué, à Gaël Faye, ou même à Dominique A, dans cette façon de laisser les silences parler.
Un disque narratif et sincère
Conçu comme une histoire d’amour en treize chapitres, Infini+3 déroule une dramaturgie subtile : la rencontre (Allez viens !), la promesse (Je voudrais tomber amoureux), puis la perte (Pluie dans ma tête).
Chaque morceau agit comme une scène, chaque phrase comme une réplique d’un film intérieur.
Radu ne chante pas vraiment — il raconte, il respire, il habite ses mots. Et c’est précisément ce qui bouleverse.
« Je voulais écrire un disque sur l’amour, mais pas un disque d’amour », confie-t-il dans les notes de pochette.
L’émotion sans artifices
Pas besoin d’effets pyrotechniques : la puissance de Infini+3 réside dans son désarmement émotionnel. Là où d’autres surjouent la douleur, Félix Radu choisit la pudeur. Dans Pluie dans ma tête, la mélancolie s’installe doucement, comme un souvenir qu’on n’arrive pas à effacer.
Sa diction — ni slam ni chant — devient un instrument à part entière. Une voix qui murmure, qui frôle, qui frissonne. On y sent l’acteur autant que le musicien.
Infini+3 est un disque hybride, entre slam littéraire et chanson minimaliste. Les textes pourraient tenir sur une page de recueil, les mélodies sur un fil de guitare.
C’est un pari risqué dans une industrie saturée de productions formatées, mais il est tenu avec grâce.
Et s’il ne prétend pas réinventer la chanson française, Félix Radu y injecte une chose rare : la sincérité sans cynisme.
Un premier album délicat, humble et profondément humain. Infini+3 s’écoute comme on lit un poème en mouvement — les yeux fermés, le cœur ouvert.
Félix Radu, lui, ne cherche pas le succès : il cherche le sens. Et c’est peut-être pour cela qu’on a envie de l’écouter longtemps.


