Hellfest 2025: fil rouge de la journée du dimanche 22 juin
Hellfest 2025: fil rouge de la journée du dimanche 22 juin

Hellfest 2025: fil rouge de la journée du dimanche 22 juin

Bien requinqué après une nuit de repos salvatrice, me voici de retour sur le site du Hellfest pour cette ultime journée qui s’annonce incendiaire, tant par la météo écrasante que par la puissance des groupes à venir. L’excitation monte d’un cran à l’idée de vivre ce final en apothéose, marqué notamment par Falling in Reverse, et surtout le concert le plus attendu du week-end : Linkin Park.

Mais chaque marathon commence par un premier pas. Et c’est en douceur – toute relative – que s’ouvre cette journée, direction la Temple pour découvrir Gravekvlt, fer de lance du black’n’roll made in France, qui est venu réveiller les festivaliers à coups de riffs abrasifs et de rythmes incandescents.

Hellfest 2025: fil rouge de la journée du dimanche 22 juin

Malgré l’horaire matinal, la chaleur et les restes de la veille, la foule se presse sous le chapiteau pour découvrir le quatuor nantais. En à peine 30 minutes, le groupe impose son univers : un savant mélange de black metal old school, d’énergie punk et de refrains à scander le poing levé.

Les titres s’enchaînent sans temps mort, portés par une section rythmique implacable et un frontman habité. Gravekvlt mise sur l’efficacité brute et l’hommage assumé aux racines du metal extrême.

Hellfest 2025: fil rouge de la journée du dimanche 22 juin

La Temple, d’abord calme, se transforme peu à peu en véritable marmite noire : ça headbang, ça pogote timidement, mais surtout ça adhère. La recette fonctionne, et c’est une belle victoire pour un groupe encore jeune, mais déjà très sûr de son identité. Gravekvlt livre une prestation courte mais marquante, un concentré de rage maîtrisée qui rappelle que le metal français a de beaux jours devant lui… surtout quand il assume ses racines avec autant de sincérité

Déplacement minimal mais changement d’univers total : à peine le temps de traverser la Temple qu’on se retrouve plongé dans les abysses sonores de l’Altar, pour accueillir un groupe au nom aussi curieux qu’ambigu : Guineapig. Littéralement “cochon d’Inde”, la mignonne petite créature devient ici l’emblème d’un goregrind clinique et chirurgical, incarné par un trio italien aussi précis qu’intransigeant.

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Le set débute comme une incision nette : riffs lourds, batterie épileptique, vocaux caverneux… et une ambiance qui rappelle autant les blocs opératoires que les pires VHS underground du cinéma extrême.

La musique est un scalpel. Tranchante, directe, sans anesthésie. Le grindcore y côtoie le brutal death, avec des touches industrielles et des ambiances de salle d’autopsie, qui rendent l’expérience aussi dérangeante que fascinante. Le frontman, ancré derrière son micro comme dans un poste de dissection, enchaîne les growls avec une intensité glaciale, sans jamais tomber dans la caricature.

C’est parti pour un nouveau plongeon dans les décibels, et la Mainstage 1 vibre déjà sous les assauts d’un groupe que beaucoup attendaient de pied ferme, et que d’autres découvrent encore : Ashen. Formé en 2021, le quintet parisien s’offre ici sa toute première apparition sur la grande scène du Hellfest, dans un créneau souvent redouté. Une ascension express… confirmée avec brio.

Le décor est minimaliste, mais l’énergie, elle, est immédiate. Dès les premières notes, Ashen impose un metalcore viscéral, dense, et émotionnellement chargé. Le set navigue entre explosions de rage parfaitement contrôlées et accalmies atmosphériques, sans jamais tomber dans la facilité ni perdre en intensité.

Le public ne tarde pas à répondre. D’abord clairsemée, la fosse se densifie rapidement. Les slams se multiplient, les refrains sont repris en chœur : quelque chose de fort, de vrai, se joue ici. “On n’aurait jamais imaginé avoir autant de monde ici”, lâchera le groupe après le show, visiblement touché par l’accueil.

Quelques titres inédits issus du très attendu Chimera (à paraître en septembre) viennent ponctuer le set, notamment Cover Me Red, taillé pour le live, où la tension dramatique atteint son pic. Pas de posture ni de démonstration gratuite : Ashen joue à nu, sans filtre, et c’est ce qui marque.

Le groupe a eu l’honneur de voir Will Ramos, frontman de Lorna Shore, monter sur scène pour un featuring surprise.

La complicité entre les deux groupes s’est immédiatement ressentie, offrant au public un crossover explosif entre metalcore français et deathcore américain. Ce duo inattendue a donné vie à un morceau inédit mêlant intensité brute et mélodies émotionnelles

En moins de 40 minutes, Ashen a réussi à profiter de ce créneau assez ingrat de passage pour s’en servir de tremplin et se faire connaître auprès d’un plus grand nombre de festivaliers. Opération Réussie.

Blackgold fait une entrée remarquée sur la Mainstage 1, avec une ambition claire : ressusciter l’esprit du nu-metal tout en l’ancrant dans les codes de 2025. Vêtus de noir intégral, entre posture second degré et puissance maîtrisée, ils délivrent un show massif, groovy, et furieusement efficace.

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Dès les premières secondes, le ton est donné : scratches aiguisés, riffs plombés, flow syncopé. Le groupe affiche sans complexe ses influences – Limp Bizkit, Korn, Cypress Hill – mais s’en détache intelligemment par une production actuelle. Chaque titre semble taillé pour la scène, pensé pour frapper juste.

Le public, d’abord un peu dérouté par ce retour assumé d’un genre longtemps considéré comme daté, rentre progressivement dans le jeu. Les têtes hochent, les bras se lèvent, les premiers pogos surgissent. Il ne faut que quelques morceaux à Blackgold pour retourner la fosse et installer une ambiance électrique.

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Le set est nerveux, sans temps mort, porté par une rythmique implacable et des scratches omniprésents. Ici, pas de fioritures : tout est calibré pour l’impact. Mention spéciale à la reprise musclée de “I Ain’t Going Out Like That” de Cypress Hill, clin d’œil assumé aux racines rap-metal du groupe… et à la présence imminente du groupe culte sur cette même scène en soirée.

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Blackgold transforme l’essai et fait en sorte que le nu-metal ne soit plus un souvenir poussiéreux, c’est un langage réinventé, vivant, et capable de séduire une nouvelle génération de festivaliers.

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À l’heure où la fatigue gagne les corps et où le Metal Corner bruisse d’effluves de fin de festival, une formation pour le moins inattendue vient bousculer les certitudes. Celeritas, trio havrais à l’identité musicale improbable, a pris d’assaut la scène avec un set aussi absurde que galvanisant.

Leur créneau ? L’eurodance, le vrai. Celui des années 90, du kitsch assumé, des rythmes martelés et des refrains scandés comme des slogans de fitness. Le tout, revisité à la sauce metal-friendly, avec une ironie mordante et une sincérité désarmante.

Dès leur entrée sur scène, masque de catcheur et lunettes noires, chorégraphies synchronisées et poses de boys band décomplexé, les membres de Celeritas donnent le ton. Ici, on vient pour danser, transpirer, rire… et surtout ne pas s’excuser d’en profiter.

Le groupe aura pour scène la célèbre cage grillagée qui occupe une mini terrasse juste en face de la scène du Hellstage.

Si l’humour est omniprésent, la rigueur musicale ne faiblit jamais. Les morceaux, quelque part entre trance, techno de rave, rap old-school et pop absurde, sont exécutés avec une précision rythmique irréprochable. Celeritas ne se contente pas de parodier : ils maîtrisent leur sujet, et ça se sent.

Mention spéciale à leur reprise hallucinée de Africa de Toto, qui comme la journée précédente démarre par un circle pit dans la bonne humeur et la rigolade devant un public beaucoup plus nombreux que la veille grâce à un bouche à oreille des plus efficaces.

Celeritas a offert un instant de légèreté rare, sans jamais sombrer dans la facilité. Leur présence, loin d’être anecdotique, rappelle que le Hellfest est aussi un espace de liberté, l’expérimentation et l’autodérision ont toute leur place.

Chaque titre rencontre un grand succès et même les personnes les plus réticentes commencent à fredonner les refrains et à esquisser quelques pas de danse notamment lors de la reprise de Numb de Linkin park dont la rencontre avec le public ne se compte désormais qu’en une poignée d’heures.

Après cette parenthèse de fraicheur musicale bien sympathique, direction la mainstage pour un concert qui s’annonce bien différent sur tous les plans.

Clairement, je n’étais pas prêt. Je m’attendais à de l’intensité, à du slam, à une fosse en ébullition… Mais certainement pas à cette vague humaine de slameurs déferlant sans interruption vers l’avant-scène. Un immense respect pour les « challengers » en bord de crash qui ont enchaîné les réceptions avec un calme et une endurance remarquables, malgré une pression physique constante.

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Côté photo, l’exercice a viré au numéro d’équilibriste : viser la scène, cadrer les musiciens, tout en gardant un œil — et parfois un bras — en alerte pour ne pas se faire renverser ou perdre son matériel dans le tumulte. Conditions extrêmes, mais à la hauteur du concert qui allait suivre.

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C’est dans un vacarme aussi millimétré que monumental que Lorna Shore a fait irruption sur la Mainstage 2. En plein après-midi, dans une chaleur écrasante et une tension électrique, le quintet américain a livré un concert d’une violence majestueuse, sans concession, qui a mis KO une bonne partie de l’assistance.

Will Ramos, désormais icône du deathcore moderne, lance les hostilités avec ses vocalises surhumaines. Les circle pits se forment en un clin d’œil. Les titres s’enchaînent sans répit : Sun//Eater, Cursed to Die, Into the Earth, avant un final cataclysmique avec To the Hellfire qui achève le public dans un déluge sonore.

La formule Lorna Shore frappe par son équilibre entre brutalité pure, exécution technique chirurgicale et grandeur symphonique.

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Au terme du set, le public reste figé, trempé de sueur, lessivé mais bouche bée. Beaucoup restent là, debout, comme sonnés par la puissance de ce qu’ils viennent de vivre. Lorna Shore n’a pas simplement joué un concert : ils ont déclenché une tempête.

Setlist

  1. Sun//Eater
  2. Cursed to die
  3. Oblivion
  4. Pain remains I: Dancing like flames
  5. Pain remains II: After all i’ve done, i’ll disappear
  6. Pain remains III: In a sea of fire

Grand moment d’émotion lorsque le groupe Eagles of Death Metal investit la scène dans une ambiance décontractée mais profondément sincère, le groupe restera à jamais lié à la tragédie des attentats du Bataclan il y a déjà 10 ans, chacun des passages du groupe en France étant empreint d’émotion.

Dès l’ouverture avec une reprise festive de We Are Family, le ton est donné. Ce ne sera pas un concert de démonstration, mais un moment de partage, de proximité et de chaleur humaine. Hughes ne cesse de clamer son amour pour le public, répétant entre deux titres ses “I fucking love you” devenus presque une signature affective.

Le groupe enchaîne les classiques : I Only Want You, Cherry Cola, I Love You All the Time, Complexity, ou encore Miss Alissa. L’ambiance est bon enfant, presque familiale, et le public suit, entre danses légères et sourires complices. Mention spéciale à la reprise survoltée de Ace of Spades, véritable uppercut rock’n’roll qui vient électriser les dernières rangées.

Mais c’est sans doute dans les silences, les regards, les descentes de scène de Jesse Hughes vers le public, que le concert prend tout son sens. Ce show est plus qu’un moment musical : c’est un hommage, une manière de dire merci, de panser encore un peu les plaies de l’histoire partagée entre le groupe et la France.

Setlist

  1. We are familiy (Sister sledge)
  2. I love you all the time
  3. Complexity
  4. Cherry cola
  5. I want you so hard
  6. Moonage daydream (David Bowie)
  7. Ace of spades (Motörhead)

Le monde du punk hardcore s’apprête à tourner une page importante de son histoire. Refused, le groupe suédois légendaire, a annoncé sa séparation définitive, mais pas avant d’offrir à ses fans un dernier tour de piste mémorable.

Ce samedi, sur la Mainstage 1 du Hellfest, la formation a livré un concert d’adieu vibrant, chargé d’émotion et d’énergie brute. Le public, conscient d’assister à un moment historique, a répondu présent en masse, créant une atmosphère à la fois électrique et poignante.

Dès les premières notes, Refused a enchaîné ses classiques incontournables tels que New Noise et The Shape of Punk to Come, mêlant rage et mélodie avec une maîtrise intacte. Dennis Lyxzén et ses acolytes ont livré une prestation puissante, marquée par une intensité rare, où chaque chanson semblait être un ultime cri de rébellion.

L’ambiance était à la fois festive et solennelle, le groupe remerciant à plusieurs reprises ses fans pour ces années de fidélité avant de conclure sur un final explosif. Ce dernier concert au Hellfest restera gravé dans les mémoires comme un adieu digne de ce nom, témoignant de l’impact profond que Refused a eu sur la scène punk hardcore internationale.

Alors que le rideau tombe, c’est un chapitre majeur qui se ferme, mais l’héritage du groupe continue d’inspirer de nouvelles générations, prêt à faire résonner leur voix encore longtemps.

Setlist

  1. The shape of punk to come
  2. The refused party program
  3. Rather be dead
  4. Coup d’état
  5. Malfire
  6. Liberation Frequency
  7. Summerholidays vs. Punkroutine
  8. The deadly rhythm
  9. REV001
  10. Pump the brakes
  11. Worms of the senses/ Faculties of the skull
  12. Elektra
  13. New Noise

Devant une foule déjà bien chauffée par les groupes précédents, A Day to Remember a frappé fort sur la Mainstage 2, en livrant un set aussi nerveux que fédérateur. Mêlant rage metalcore et refrains pop-punk accrocheurs, les vétérans floridiens de la scène alternative ont rappelé qu’ils restent des poids lourds du genre.

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Dès les premiers accords de The Downfall of Us All, la fosse explose. Sauts, slams, circle pits… le public entre instantanément dans le jeu. Jeremy McKinnon, frontman infatigable, occupe la scène avec charisme, alternant hurlements galvanisants et refrains fédérateurs. Sa complicité avec le public est immédiate.

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La setlist, taillée sur mesure pour les festivals, jongle entre classiques (2nd Sucks, All Signs Point to Lauderdale) et morceaux plus récents (Miracle, Bad Vibrations), dans un équilibre parfaitement maîtrisé. Mention spéciale à If It Means a Lot to You, repris en chœur par des milliers de voix dans un moment suspendu, entre deux tempêtes sonores.

Musicalement, le groupe livre une prestation sans bavure. Rythmique solide, guitares tranchantes, breaks maîtrisés et mélodies entêtantes : le style A Day to Remember fonctionne toujours à plein régime, et ce mélange unique de brutalité et d’émotion trouve une résonance particulière au Hellfest.

Hellfest 2025: fil rouge de la journée du dimanche 22 juin

Une décharge d’adrénaline euphorisante et un set des plus efficaces. ADTR ne réinvente pas sa formule, mais la délivre avec une efficacité redoutable.

  1. The downfall of us all
  2. I’m made of wax, Larry, what are you made of?
  3. 2nd sucks
  4. Right back at it again
  5. Bad blood
  6. Paranoïa
  7. Have faith in me
  8. All my friends
  9. Mr Highway’s thinking about the end
  10. Lebron
  11. Miracle
  12. All i want
  13. If it means a lot to you
  14. Flowers
  15. All signs point to Lauderdale

Plus que trois groupes avant le baisser de rideau, mais quels groupes ! La programmation de cette ultime soirée du Hellfest frôle l’indécence tant les pointures s’enchaînent. Entre nostalgie des années 2000 et poids lourds actuels, l’ambiance est électrique… et les décisions stratégiques aussi.

Côté photo, le dilemme est réel : couvrir Cypress Hill, c’est probablement tirer un trait sur Falling in Reverse. L’accès au pit photo étant limité, mieux vaut jouer finement. La décision tombe : on reste en place pour FIR, et on profite du set de Cypress depuis le poste d’attente. Pari risqué ? Peut-être. Pari gagnant ? Sans doute.

Dans un festival dominé par les guitares saturées et les voix écorchées, Cypress Hill débarque comme un ovni familier. Sur la Mainstage 1, le soleil tape encore, mais l’ambiance se fait moite, presque enfumée. B-Real et Sen Dog imposent leur flow et leur décontraction légendaire. I Wanna Get High, Dr. Greenthumb, Hits from the Bong… les classiques tombent comme les beats.

Le public, d’abord mi-curieux mi-amusé, bascule vite dans le groove. Même sans être face à la scène, on sent les épaules qui se balancent, les mains qui s’élèvent. Les metalleux, réputés inflexibles, se laissent gagner par l’énergie contagieuse du duo californien.

Mais Cypress Hill ne se contente pas de venir jouer les archives vivantes. Ils savent où ils posent leurs platines : au royaume du riff. Alors ils adaptent, transforment, provoquent même. Une reprise incendiaire de Bombtrack de Rage Against the Machine fait rugir la foule. Des allusions à House of Pain, Beastie Boys, et des beats plus lourds que certains breakdowns suffisent à fédérer.

Quand Insane in the Brain retentit, plus personne ne résiste. Même les plus réticents cèdent à l’appel. Ce n’est plus un concert : c’est une célébration.

Setlist

  1. There goes the neighbourhood/ Seven Nation army/ Mr Sandman/ Enter Sandman
  2. I wanna get high/ Cisco kid
  3. Dr Greenthumb
  4. Hits from the bong
  5. When the shit goes down
  6. Hand on the pump
  7. I ain’t goin’out like that
  8. A to the K
  9. Cock the hammer
  10. Insane in the brain
  11. Dj Lord and Eric Bobo instrumental break
  12. The choice is yours
  13. How i could just kill a man
  14. Bombtrack
  15. Can’t get the best of me
  16. (Rock) superstar
  17. Jump around

Il est temps de vérifier si ma stratégie photo était la bonne. Vais-je regretter de ne pas avoir capté l’énergie de Cypress Hill, tout ça pour miser sur Falling In Reverse ? Le pit des photographes trépigne. On espère tous être parmi les heureux élus qui auront la chance d’aller shooter un des groupes les plus clivants — et attendus — de cette édition.

Une version inattendue de La Vie en Rose d’Édith Piaf retentit, enveloppant la foule d’un contraste saisissant. Puis, les écrans géants s’allument : Ronnie Radke apparaît, concentré, fermé, déjà dans sa bulle. Les premières notes de Prequel tombent. Le compte à rebours est lancé.

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Le prequel joué, c’est au tour du deuxième groupe. Je suis idéalement placé : j’ai été sélectionné. Appareil en main, cœur qui bat. Zombified explose dans les enceintes, et c’est parti. Chaque cliché doit saisir l’essence d’un show pensé comme une machine de guerre visuelle et sonore.

Le metalcore de Falling In Reverse flirte avec le rap, l’électro, les codes de la pop — et les détourne. Sur scène, Ronnie Radke est au centre de tout. Tout passe par lui. Chaque titre, chaque pause, chaque regard. Iconique, clivant, totalement en contrôle. Il oscille entre l’arrogance d’une rockstar et une vulnérabilité presque théâtrale.

La setlist navigue entre hits récents (Zombified, Voices in My Head, Watch the World Burn) et classiques comme I’m Not a Vampire. Le tout est porté par une rythmique lourde, des guitares acérées et des arrangements électroniques impeccables. Mais c’est surtout la voix de Radke qui impressionne : du scream guttural aux envolées quasi pop, sa maîtrise vocale est redoutable.

Hellfest 2025: fil rouge de la journée du dimanche 22 juin

Le show est impressionnant, mais certains pourront y voir une machine trop bien huilée. Tout est maîtrisé, pensé jusqu’au dernier détail. Peu de place à l’improvisation. On est ici dans le spectacle américain pur jus, loin de la rugosité du hardcore old-school.

Mais le public ne s’y trompe pas. Le pit s’embrase. Circle pits, pogos, refrains hurlés à l’unisson — notamment sur l’imparable Popular Monster. Une catharsis collective à la mesure du phénomène Falling In Reverse.

Ce concert n’efface pas la polémique. La présence de Ronnie Radke au Hellfest 2025 — malgré son passé judiciaire et ses propos controversés — divise. Et elle révèle une tension croissante : les festivaliers ne cherchent plus seulement de la musique, mais aussi une éthique. Falling In Reverse, eux, répondent par la maîtrise, la puissance, et un show pensé comme un coup de poing.

Ce soir-là, j’ai parié sur la bête de scène. Aucun regret. Cypress Hill attendra. Car Falling In Reverse a livré un show dense, dérangeant, calibré, mais surtout résolument marquant.

Hellfest 2025: fil rouge de la journée du dimanche 22 juin

Setlist

  1. Prequel
  2. Zombified
  3. I’m not a vampire
  4. Fuck you and all your friends
  5. Bad guy
  6. Losing my mind
  7. The drug in me is you
  8. Just like you
  9. No fear
  10. God is a weapon
  11. All my life
  12. Popular monster
  13. Voices in my head
  14. Ronald
  15. Watch the world burn
  16. We are the champions

Cela fait des mois qu’on en parle, des jours qu’on l’espère, et des heures qu’on redoute une mauvaise surprise : celle d’une annulation de dernière minute, comme cela a été le cas quelques jours plus tôt à Berne. Pendant tout le week-end, l’ombre d’un possible forfait a plané sur Clisson, les regards anxieux rivés aux téléphones. Mais ce soir, c’est confirmé : Linkin Park est là. Et tout le monde le sait, ce moment sera unique.

Dès les premières notes, un constat s’impose : Emily Armstrong, pourtant habituée aux envolées vocales, n’est pas à son meilleur niveau. Affaiblie par un récent problème de santé, elle livre une prestation vocale en demi-teinte, parfois à la peine sur les morceaux les plus exigeants, notamment ceux issus du tout premier album. Mais ce qui aurait pu faire vaciller le concert se transforme en preuve de résilience : la chanteuse fait preuve d’un professionnalisme admirable, habitée, investie, soutenue par un groupe parfaitement en place.

Le public, lui, ne juge pas. Il accompagne. Ce concert est plus qu’un live : il est un exutoire, une messe collective, un hommage. Linkin Park, pour beaucoup, ce sont les premières émotions fortes, les cris d’adolescence, les cicatrices sonores. Mike Shinoda prend la scène avec une justesse rare, humble et présent, portant à lui seul l’équilibre fragile entre passé et renouveau.

Les classiques s’enchaînent avec une fluidité saisissante : Lying From You, From the Inside, The Catalyst, The Hunting Party… et bien sûr, Numb. La plaine entière chante, pleure, lève les bras, dans un moment suspendu. Chester Bennington n’est plus là, mais il habite chaque parole, chaque image projetée, chaque silence entre deux refrains.

La dernière apparition du groupe au Hellfest, avant le drame, avait laissé un goût amer : une direction musicale jugée trop pop, un public hostile, des projectiles lancés… Jusqu’à ce que certains quittent la scène — moi y compris. Ce soir, le pardon est dans l’air, la blessure refermée. Linkin Park ne s’impose pas, il propose, et le public accueille, avec chaleur et respect.

Au cœur d’un festival dominé par le metal extrême, Linkin Park a offert un contre-pied émotionnel, un moment de retenue et de sincérité brute. Ce n’était pas la performance vocale la plus parfaite du week-end. Mais c’était peut-être la plus humaine.

Le silence retombe un instant sur la nuit clissonnaise, comme suspendu après la dernière note. Mais cette accalmie est de courte durée : à peine le temps de souffler que le ciel s’embrase. C’est l’heure du traditionnel feu d’artifice, très attendu par les festivaliers les plus endurants.

Pendant une dizaine de minutes, les gerbes de feu illuminent le ciel de Clisson dans un vacarme maîtrisé, accompagnées d’une bande-son calibrée pour l’instant : AC/DC, Slayer, Linkin Park… Un final aussi spectaculaire que symbolique, où l’émotion prend le pas sur la fatigue.

Le public, resté massivement présent malgré la chaleur et l’usure des quatre jours, scrute encore la scène : l’organisation avait annoncé une surprise de fin de soirée via l’application officielle et une annonce en live juste avant le feu. Beaucoup ont espéré un ultime set, peut-être une tête d’affiche inopinée. Il n’en sera rien.

Mais la vraie surprise est ailleurs : l’enfer ouvrira à nouveau ses portes du 18 au 21 juin 2026. Une promesse gravée dans les dernières flammes du ciel nocturne.