Rodrigo y Gabriela au Trianon le 23/10/19 : notre live-report !

Cinq ans. Cinq depuis leur tournée française pour l’album 9 Dead Alive. Cinq ans que nous n’avions pas eu l’occasion de revoir Rodrigo y Gabriela. Et c’est en ce début de semaine que, venus présenter leur nouvel album Mettavolution le temps de trois concerts au Trianon, nous avons enfin eu l’occasion de revoir nos deux fous de la gratte. Car oui, pour ceux du fond qui n’auraient pas encore pris le temps de découvrir leur musique, “Rod y Gab” sont bel et bien deux givrés de la guitare. De ceux qui, non seulement, poussent toujours plus loin les possibilités de cet instrument, mais qui en plus, n’ont pas leur pareil pour transmettre leur joie et leur passion à leur public.

 

Passé une première partie de Lucas Santtana posée et enivrante, quoique peut-être un peu trop contemplative pour le public du Trianon (beaucoup de bruit de discussions que les réglages techniques de Santtana ne permettaient pas toujours de couvrir, sans rien enlever heureusement à notre plaisir de découvrir cet artiste plein de sincérité), le duo emblématique fait enfin son entrée, sourire jusqu’aux oreilles. Et si la sortie récente de leur dernier album pourrait laisser craindre un concert laissant de côté le reste de leur univers, Rod et Gab chassent rapidement nos craintes : cette soirée sera un mélange de tout leur univers, depuis leur premier album jusqu’au récent Mettavolution. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y aura pas mensonge sur la marchandise.

 

 

Entamant leur show assis sur le podium au centre de la scène, siège improvisé qui évoquerait presque les marches d’un perron le long de la rue, c’est aux notes de Krotona Days et Witness Tree que s’ouvre le concert. Deux titres issus de Mettavolution qui témoignent du virage pris par la musique des deux compères. Si leur univers est toujours palpable et confirme que ces deux-là n’ont rien perdu de leur maniement de la guitare, il semble également explorer une voie plus intérieure, plus sensorielle, invitant presque à la méditation sans rien perdre des jeux de rythme qui sont la marque de fabrique du duo. Même nos deux guitaristes se montrent plus posés, reléguant leur frénésie et leurs poses iconiques au placard. Du moins le temps de cette entrée en scène…

 

Car dès que Mettavolution est laissé de côté au profit de Soundmaker, 11-11 et Diablo Rojo, la flamme se ranime d’un coup d’un seul, rappelant que Rodrigo y Gabriela n’ont rien perdu de leur superbe. Elle est toujours aussi “pile électrique”, sautillant sans cesse avec le sourire jusqu’aux oreilles (et tout en jouant des cordes et des percussions sur sa guitare comme personne !). Lui est toujours aussi fan des poses iconiques de rockstar. Et tous les deux prennent toujours autant de plaisir à jouer avec leur public, lequel devient le temps de quelques instants un membre à part entière du groupe, invité au gré des moments à sauter à en faire trembler le sol, à clapper des mains en rythme ou même à chanter (superbe reprise de Clandestino !). Bref, du bon vieux Rod y Gab comme on l’aime !

 

Et alors qu’on pourrait croire que la machine est lancée, le duo de jouer avec nos émotions en revenant aux rythmes plus posés – mais pas trop – de leur dernier album avec Mettavolution et surtout Echoes. Basé sur un titre des Pink Floyd et remanié pour le concert (le titre dure 18min sur l’album !), Echoes nous renvoit directement aux expérimentations précédentes du groupe (remember Rodrigo jouant avec une bouteille de bière) où les guitares et les cordes sont détournées, avec ou sans accessoires, pour la création de sons jouant sur la distorsion et l’écho, le tout pour un résultat incroyablement organique et sensoriel. C’est inattendu, mais ça fonctionne du tonnerre, en plus d’offrir une parenthèse zen très appréciable. Parenthèse qui prend des allures de montagnes russes lorsque retentissent dans la foulée les premières notes de Tamacun.

 

Pour les néophytes, Tamacun est un peu LE titre de Rodrigo y Gabriela. Celui qui met tout le monde d’accord depuis leur premier album, en plus d’avoir ravi les oreilles des fans de Breaking Bad (c’est sur cette musique que Jesse Pinkman apparait dans la série). Et comme à l’accoutumée, ce titre est l’occasion de débrider toute l’assemblée, depuis le duo qui se défoule sur scène comme jamais jusqu’au public qui chante le rythme en sautant constamment à faire trembler le sol, faisant littéralement décoller ceux qui ne sauteraient pas en rythme. Comme à chaque fois, Tamacun est clairement l’instant emblématique d’un concert de Rodrigo y Gabriela. Celui qui, en temps normal, marque l’approche de la fin du concert. Mais pas cette fois.

En effet, le duo a encore beaucoup en réserve, et alors que tout ce beau monde – musiciens comme public – est encore dans les étoiles après Tamacun, l’effet “montagnes russes” reprend de plus belle avec un solo tout en douceur de Gabriela, comme un instant hors du temps qui se poursuit avec un superbe Electric Soul. Et avant que tout le monde n’entre en méditation, les notes de la reprise de Clandestino se font entendre, et il ne faut que quelques secondes au public pour commencer à chanter et danser sur les paroles de Manu Chao pendant que le duo s’occupe de la musique, donnant le rythme à l’assemblée. Un très beau moment.

Et alors qu’approche la fin du concert, le show d’entamer sa conclusion en mêlant récentes et anciennes oeuvres aux notes de Cumbé et Hanuman dans des versions survitaminées qui font leur petit effet, avant un ultime délire sur leur récent Terracentric, occasion pour Rodrigo de monter sur le podium et jouer les rockstars pendant que Gabriela sautille devant la scène, leur performance transcendant l’assemblée au long d’un final survitaminé qui laisse sur le derrière, les jambes courbatues et avec un seul mot à la bouche : encore !