Festival du Sziget : notre bilan

Avis de NicoH

NB: pour plus de détails sur l’expérience du festival, n’hésitez pas à lire les articles de notre journal de bord :
J-2 ; J-1 ; J1 ; J2 ; J3/4 ; J5 ; J6/7

Avis de Rulian disponible plus bas

 

Une semaine après la fin du festival, et quelques jours seulement après notre retour de Budapest, voici venu l’heure de dresser un bilan de ce Sziget 2014. A la fois le premier que MusiqueAlliance.fr couvrait et le premier tout court pour notre équipe (Rulian et votre serviteur, accompagnés de Matt et Nicoz que nous avons retrouvés sur place – Nicoz étant le seul à avoir déjà participé à une édition du festival, en 2012).

Le voyage tout d’abord. Effectué à bord de la compagnie low-cost Lufthansa, le voyage en lui-même s’est plutôt bien déroulé. On aura apprécié l’amabilité du personnel à bord et surtout le fait que le billet inclue par défaut un bagage en soute (ce qui n’est pas le cas chez d’autres compagnies). Sachant que nous partions pour une dizaine de jours – avec ce que cela implique d’affaires à emmener – , l’absence de supplément à payer est réellement appréciable. Pour des raisons de temps et de budget, nous avons dû réserver des vols avec une longue escale en Allemagne. Si l’aller nous a laissé un excellent souvenir puisque nous avons pu en profiter pour visiter la ville de Dusseldorf (très agréable et animée ce vendredi soir), le retour aura été marqué par un long retard lors de la première partie du vol (Budapest / Francfort) et surtout un profond dédain des superviseurs de Lufthansa pour certains de ses passagers placés dans une situation délicate à Francfort du fait de ce retard. Ajoutez à cela une perte de nos bagages par la compagnie lors du vol aller (égarés le matin, heureusement retrouvés le soir) et vous obtenez un bilan mitigé pour la compagnie. Tout n’y était donc pas noir, mais tout n’y était pas rose pour autant. A voir si cette impression demeure lors de futurs voyages…

Fermons cette parenthèse du voyage pour nous concentrer sur notre sujet : le Sziget. Accessible par un bus direct depuis l’aéroport (pour peu que vous ayez pris un Citypass), notre arrivée à l’entrée des lieux le samedi matin nous a étonné autant par son organisation ne laissant rien au hasard que par la véritable marée humaine de festivaliers qu’on y trouvait. Et pour mémoire, le festival ne débutait que le lundi (seul le camping était ouvert dès le week-end). Une image encore dans nos mémoires et qui nous amène à vous donner immédiatement un conseil : dans la mesure du possible, arrivez le plus tôt possible, tant en termes d’heure que de jour, sous peine de passer un très long moment sous un soleil de plomb avant d’obtenir votre sésame : le bracelet d’entrée au Sziget.

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Mais une fois ce sésame au poignet et votre tente plantée (matelas fortement conseillé), c’est une semaine de pure folie qui vous attend. « Folie » non pas au sens « débauche, portnawak et consorts », mais au sens que, on le comprend très vite, le Sziget a bien plus à offrir que de la musique et de l’alcool (pourtant vendu par seaux entier). C’est d’ailleurs avec un certain étonnement que votre serviteur aura constaté avoir proportionnellement assisté à moins de concerts durant le Sziget que pendant les Solidays. A cela, une explication toute simple, qui s’appliquait déjà aux Solidays, mais qui prend tout son sens avec ce festival hongrois : le Sziget, ce n’est pas seulement de la musique, c’est surtout une ambiance et une expérience. Une expérience humaine, où un simple pas, un simple mot peut déboucher sur une rencontre ou un instant mémorable (cf. notre rencontre avec des festivaliers belges, à qui votre serviteur doit ses deux meilleures soirées du festival). Et une ambiance indescriptible, où la danse se mêle à la fête, la fête se mêle à l’art, l’art se mêle aux concerts et les concerts vous amènent généralement à vous déhancher sous le soleil ou les étoiles dans une atmosphère enflammée. Un cycle qui dépendra évidemment de chaque festivalier, certains n’accordant que peu d’importances aux concerts ou, au contraire, aux animations artistiques.

On touche ici à la grande force du Sziget, c’est d’être un festival de l’art plus que de la musique, et par conséquent de pouvoir toucher énormément de monde, y compris ceux n’étant pas sensibles à la musique. Certes, les concerts sont l’élément fédérateur, celui qui va rameuter les milliers de festivaliers sous la bannière commune d’un groupe musical ou d’un DJ le temps d’un show mémorable. Mais pour peu que l’on se donne la peine d’explorer l’ensemble de l’île, on découvrira combien ce festival a bien plus à offrir qu’un simple plaisir des oreilles. En témoigne notre passage dans le Luminarium (véritable temple zen aux milles couleurs), la Color Party qui nous aura valu de finir la journée couverts de poudre multicolore ou encore ce stand de passionnés où nous auront pu enfiler les lourdes armures de gladiateurs et légionnaires romains. La liste est longue, mais vous l’aurez compris : au Sziget, on ne s’ennuie pas ! D’ailleurs, si il est toujours proposé l’an prochain, n’hésitez pas à parcourir l’ile à la recherche des différents tampons pour le passeport du festival, un moyen idéal et amusant pour ne rien manquer des différentes animations du festival. Côté nourriture, si l’on appréciera la diversité des stands répartis sur le festival (ainsi que leurs prix, pour toutes les bourses), on regrettera vite que ceux-ci s’articulent principalement autour du fast-food (rares sont ceux proposant de vrais plats). Ceci dit, n’ayez pas peur pour votre poids puisque même en suivant ce régime pendant une dizaine de jours, votre serviteur a réussi à perdre entre 2 et 3 kilos sur la durée du festival. Le Sziget, meilleur allié de votre poids depuis 1993 !

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Mais si jamais le Sziget n’était pas suffisant à vos yeux, rien ne vous empêche de sortir de l’île et d’aller visiter Budapest. Entre autres passages obligés : la Place des Héros, le Parlement, le Bastion des Pêcheurs… Là aussi, la liste est longue. Et si vous êtes davantage branchés restauration, les prix locaux devraient finir de vous achever tant on peut profiter d’un vrai festin pour à peine plus que le prix d’un fast-food en France. A ce sujet, n’oubliez pas de goûter le goulash et le poulet-paprika, accompagnés d’une bonne petite Palinka. Et pour se détendre après une durée journée de festival, rien de mieux que d’attaquer la matinée suivante par une visite dans l’un des spas locaux (on y revient, mais le Citypass inclue une entrée gratuite pour un spa). Pour notre part, nous avons pu en visiter deux, dont sans doute le plus touristique de la ville : Széchenyi. Un véritable palais où les dizaines de bassins s’articulent au sein d’une architecture à tomber par terre, et en prime fréquenté par des clients de tous les âges et origines. Si vous devez n’en choisir qu’un, celui-ci mérite de figurer en bonne place.

Si votre agenda le permet, n’hésitez pas à profiter de Budapest un jour ou deux après la fin du festival. D’une part car cela vous permettra d’éviter le rush de clôture (le Sziget annonçait plus de 400 000 festivaliers cette année, on vous laisse imaginer la marée humaine au moment de plier bagage, ainsi qu’à l’aéroport) et d’autre part car au prix des hôtels locaux (10-15€ par tête suffisent à passer une très bonne nuit), il serait dommage de ne pas prolonger le plaisir hongrois. En prime, de nombreux festivaliers font de même, ce qui sera sans doute l’occasion de quelques belles rencontres post-Sziget.

Il serait beaucoup trop long de faire un bilan vraiment exhaustif de notre expérience du Sziget dans cet article, mais nous espérons que celui-ci ainsi que ceux de notre journal de bord vous auront convaincu de la qualité de ce festival qu’il convient d’expérimenter au moins une fois dans sa vie. D’autant que les français y sont plutôt bien représentés au sein d’un camping et de quelques stands privilégiant un peu plus la francophonie que l’ensemble du festival (l’anglais demeure la langue maitresse du Sziget, à l’exception des locaux ne parlant souvent que le magyar).

Bref, si vous recherchez votre destination pour l’été prochain, vous savez désormais où aller ! En tout cas, nous on sait !

 

PS : Encore un très grand merci à l’ensemble de l’équipe du Sziget !

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Avis de Rulian

La première chose que l’on peut dire sur le Sziget, c’est que ce n’est pas un festival comme les autres. Une fois sur place, je n’ai pas eu besoin d’attendre longtemps pour savoir pourquoi on le surnomme le Woodstock européen. Le Sziget, c’est du monde, beaucoup de monde. Et ce peuple vient des 4 coins de notre chère petite planète. On y retrouve certes beaucoup de hongrois, français et autres européens, mais pas seulement. Une mappemonde invitant les festivaliers à indiquer leur lieu d’origine nous informe qu’on retrouve des fêtards venant d’à peu près partout sur Terre : de l’Amérique du Sud à l’Australie, en passant par l’Afrique ou même la Nouvelle-Zélande. Inutile de dire que cela permet d’avoir un sacré aperçu de la diversité culturelle qu’on peut trouver sur le festival.

Pour ce voyage, je suis parti avec NicoH qui, malgré sa quasi-trentaine, affiche une forme remarquable (NdNicoH : ça se paiera, ça! ^^). Puis j’ai été rejoint sur place par deux de ses amis : NicoZ (qui est le seul d’entre nous à avoir connu une édition précédente du festival) et Matt. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au Sziget, plus on est de fous, plus on rit.

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NicoH et moi sommes arrivés deux jours en avance, ce qui nous a permis de voir le festival se construire petit à petit et de découvrir à quel point le Sziget exige une gigantesque organisation. Des scènes immenses et de nombreux décors, tous plus colorés et originaux les uns que les autres sont montés sous nos yeux. L’Ile de la Liberté est immense et on ne trouve pas deux coins qui se ressemblent. Vous trouverez sur votre chemin de gigantesques œufs en bois dans lesquels vous pourrez vous installer, d’imposants chapiteaux et des idées originales, placées au-dessus de votre tête (méduses en plastique près des plages, parapluies colorés et guirlandes électriques, etc.) L’ambiance est d’ailleurs à la hauteur de la foule. Chaque soir, des milliers de personnes se déplacent pour faire la fête, si possible avec d’autres festivaliers. Pour peu que vous maitrisiez la langue de Shakespeare (presque tous les festivaliers la parlent), vous pourrez aborder quasiment n’importe qui, n’importe comment et aller vous amuser ensemble. Le festival est le rassemblement du n’importe quoi… dans le bon sens du terme. On oublie rapidement que partout ailleurs, il serait inhabituel de croiser des individus en costume de Bioman, d’écureuil, ou de n’importe quel autre animal d’ailleurs. Ça chante, ça rit, et ça danse un peu partout.

Visiter un festival aussi vivant a cependant un prix, si vous êtes du genre marmotte, adepte des grasses matinées, la semaine risque d’être longue. Au Sziget, on se couche tard… et on est réveillé tôt. Entre la musique et les cris des festivaliers, les créneaux horaires silencieux se font rares. La fête est partout, et à moins de dormir en dehors du festival, il ne sera pas possible d’échapper au bruit. Le retour au calme en France m’a d’ailleurs demandé un certain temps d’adaptation après toute cette agitation.

Parlons concerts maintenant, l’organisation était quasi-parfaite. Le son était en général vraiment bon et les concerts commençaient toujours à l’heure (ce qui, d’après mes expériences précédentes en festival, est suffisamment rare pour être souligné). La scène principale est visible de loin et deux écrans placés de chaque côté vous permettrons de distinguer plus clairement les fourmis qui s’agitent bruyamment sur la scène si vous êtes retardataire. On a accès à de nombreuses zones d’ombre et, comble du luxe, des brumisateurs nous apporte leur soutien lors des journées les plus chaudes et ensoleillées.

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Niveau scènes, le seul et unique point noir, c’est la scène A38. Un imposant chapiteau dans lequel se déroulait une grande partie des concerts. Beaucoup plus petit que la Main Stage, la scène principale, on y est très vite à l’étroit, voire dans l’impossibilité de rentrer. On y trouve en son centre un bar, qui cache bien évidemment la scène à la moitié des spectateurs. C’est ici que Stromae (prononcez « Stromaille » / NdNicoH : merci à nos amis belges pour la prononciation ^^) s’est produit.Le problème, c’est qu’ils n’ont prévu aucun autre concert sur la scène principale à ce moment-là, transformant l’A38 en salle la plus attractive du Sziget (y compris pour ceux qui ne connaissaient pas Stromae). Un véritable fiasco.Tous les festivaliers se sont rués dans le chapiteau, ce qui a laissé beaucoup de déçus devant ses portes. La sécurité quant à elle était à deux doigts de perdre le contrôle sur la foule qui faisait son possible pour s’engouffrer dans le chapiteau. Tandis que ceux qui n’appréciaient pas le concert peinaient à sortir.

En dehors de ce gros couac, le Sziget est une excellente surprise, avec de bons concerts et une superbe ambiance. Et la programmation était vraiment à la hauteur. Mention spéciale aux énergiques Blink-182, Korn, Ska-P et NOFX qui nous ont fourni un show qui a littéralement enflammé le public. Avec également des groupes qui m’ont secoué alors que je ne m’y attendais pas : Tankcsapda (pour faire court : du rock et du hongrois) et Deadmau5 que je ne connaissais pas mais qui nous a remué gentiment pendant tout un concert.
Mais ma plus grande surprise a été Skrillex, dont je ne suis pas le plus grand fan habituellement, mais qui nous a offert un des meilleurs concerts du Sziget. Il a su jouer avec son public et nous a très souvent étonné tant par le rythme que par le choix de ses morceaux (l’intro du Roi Lion, en plein milieu d’un concert de dubstep, ça fait son petit effet).

Pour ne rien gâcher, quelques évènements amusants viennent ponctuer les concerts. Notamment un lâcher de ballons, une bataille de serpentins et une autre de poudre colorée (qui nous a transformés en arcs-en-ciel sur pattes). En dehors des concerts on trouve un nombre affolant d’animations (du saut à l’élastique au prêt de tenue de gladiateurs pour se combattre entre amis). Le luminarium et sa lumière douce ont été particulièrement reposants.

Quand les estomacs commencent à demander un tribut pour tous ces efforts, direction les nombreux stands qui affichent des tarifs tout à fait abordables. Bien évidemment, ça n’a rien à voir avec les prix qu’on trouve ailleurs dans le pays (j’y reviendrai plus bas), mais ça reste hallucinant quand on compare à ce qu’on peut payer en France dans un festival. A vous les buckets d’alcools divers, les plats cuisinés italiens, indiens, transylvaniens, grecs et de nombreuses autres joyeusetés culinaires que j’oublie. Seul bémol, dans 90% du cas, on tape plus dans la restauration rapide que dans le restaurant gastronomique : c’est bon mais pas très sain. Enfin, vu l’énergie que vous allez dépenser cette semaine, il y a peu de chances que vous fassiez exploser votre pèse-personne en rentrant.

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Après les concerts, nous rentrons donc à nos tentes. Nos places nous donnaient accès à « L’apéro camping », un camping francophone avec douches (collectives sinon, c’est pas du vrai camping), toilettes, Wi-Fi et prises pour recharger son téléphone et autres équipements à batteries. Le staff francophone était franchement sympathique. Et se faire réveiller à 6 heures du mat’ par des festivaliers qui hurlent « Apéro !» (SANS vous l’offrir) ou un voisin qui raconte ses expériences sexuelles de la veille, ça a toujours un certain charme.

Entre deux concerts, nous avons eu l’occasion de visiter Budapest. La première chose qui nous a frappé sur place, ce sont les prix. Mon porte-monnaie n’avait qu’une seule phrase en tête : vive la Hongrie. En cherchant bien, vous pourrez déguster un gyros (cousin du kebab, en encore plus appétissant) à un euro 30. Et quand on vient de Paris, payer 15€ pour une chambre d’hôtel confortable, c’est un bonheur unique.

Vous trouverez facilement de nombreux plats typiques (le poulet au paprika et ses dumplings, miam !) et on peut se faire péter la panse pour vraiment pas cher. Budapest, c’est aussi des coins vraiment chouettes, la place des Héros et plein d’autres perles touristiques vous attendent sur place.

Côté transports, Budapest assure aussi. Un réseau de tram, bus et métro (un poil vieillot) est à notre disposition. Le Citypass (compter 33 euros pour toute la durée du festival) pour se déplacer à volonté dans Budapest est un incontournable.
Petite surprise, le pass offre aussi une entrée gratuite aux thermes (qui coutent normalement entre 6 et 12€). Ceux de Széchenyi, qui sont immenses et ressemblent à un palais royal, vous permettront de vous plonger dans des bains à 38 degrés, et d’utiliser les saunas et hammams. Pour quelques dizaines d’euros, vous pourrez également vous faire masser. On n’a pas essayé, mais encore une fois, ça n’a rien à voir avec les prix français. Et c’est l’idéal quand vous avez passé la semaine à jouer les brutasses dans les circles pits.

Le Sziget n’est pas un simple festival rassemblant quelques groupes connus le temps de plusieurs concerts, mais une véritable expérience à vivre au moins une fois. Au final, on se surprend à avoir passé plus de temps au milieu de la foule et des animations que devant les instruments pour lesquels nous étions venus. On en revient épuisés, mais heureux. C’est une formidable expérience humaine, que l’on n’oublie pas.

Une dernière chose : aller au Sziget, c’est bien. Aller au Sziget entre amis, c’est mieux. Ma semaine n’aurait pas été à moitié aussi amusante sans NicoH, mon compagnon de voyage grâce à qui j’ai pu venir au Sziget et vivre pas mal d’aventures pendant, avant et après le festival. Sans oublierNicoZ et Matt, que je ne connaissais pas encore avant le Sziget, mais avec qui j’ai passé d’excellents moments. M’enfin, si vous devez y aller seul, vous n’aurez pas de mal à trouver de la compagnie sur place.

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