Le jour se lève et après une courte nuit, direction Clisson pour le premier concert de la matinée pour nous à savoir Cachemire. J’attendais avec impatience la venue des nantais au Hellfest avec leur nouvel line-up et malgré l’horaire très matinale le public ne s’y trompe pas et se trouve déjà en bon nombre devant la scène malgré des températures déjà très élevées pour cette matinée, on se rendra rapidement compte que ce n’est que le début d’une journée en enfer.
Programmés à 11h05 précises Cachemire a imposé d’emblée leur rock introspectif et puissant sur la Mainstage 1. Engagés depuis près de dix ans sur scène, ils sont venus confirmer leur stature — et y sont brillamment parvenus.
La venue du groupe est annonciatrice de la sortie de leur prochain album qui sortira au mois d’octobre prochain « Suffit juste d’une seconde » dont on aura durant ce set un avant goût en exclusivité en live du titre « pied au plancher ».
Le groupe de Fred Bastard nous a proposé un set musclé conclue magistralement par le titre « Moi vouloir être roi » qui laissera le public déçus tant le temps passé avec le groupe fût trop court mais intense.

Le groupe débarque de manière solennelle sur scène, tout de blanc vêtus, pour les hommes se sera la jupe et pour la nouvelle venue Alice Animal ce sera un mini short et une veste de costume, ce blanc immaculé sur scène tranche vraiment avec le noir présent en masse dans la fosse c’est une signature visuelle forte.

Cachemire a livré un concert incendiaire dans tous les sens du terme malgré un horaire qui nous laisse sur notre faim, alliant force et finesse à la Mainstage 1 du Hellfest. Pour ceux qui en doutent encore le rock “made in France” a encore de beaux jours devant lui et la relève semble bien assurée. Avec une présence visuelle soignée, des titres forts et une cohésion scénique irréprochable, le groupe s’impose d’ores et déjà comme l’un des « valeurs sûres » de la scène hexagonale.

Le soleil tape fort en cette fin de matinée à la Valley, mais l’ambiance se fait presque mystique lorsque le groupe new-yorkais, reconnu comme maître du medieval fantasy doom metal, fait son entrée sur scène.

Dès les premiers riffs lourds et lancinants, on est immédiatement happé dans un autre univers. Entre costumes de guerriers, mise en scène soignée et la voix envoûtante de Riley Pinkerton, la “Rat Queen”, le concert se transforme en une véritable expérience immersive, plus proche d’un théâtre métal que d’un simple show.
On sent une réelle volonté d’emmener le public dans un voyage hors du temps, un conte épique et sombre. Pourtant, si l’atmosphère fonctionne pleinement sur scène, quelques longueurs dans les compositions freinent parfois l’élan, tout comme certaines prises de parole un peu trop longues de Riley Pinkerton, d’autant que le set ne dure que 30 minutes.

Avec la sortie imminente de leur album The Bestiary, on espère que ce groupe hors norme saura affiner ses compositions pour faire vibrer encore plus fort cet univers unique et fascinant.

Cap sur la Warzone, où Mike McColgan and The Bomb Squad nous attendent de pied ferme. Fidèle à la réputation du chanteur, ancien leader des Dropkick Murphys et des Street Dogs, on s’attend à un show puissant qui va vite faire bouger nos guiboles. Dès les premières notes, l’énergie brute et la rage punk hardcore électrisent un public déjà bien chaud.

Mike McColgan, avec sa voix rauque et son charisme naturel, incarne pleinement les valeurs du punk militant, mêlant revendications sociales et hymnes fédérateurs. Accompagné par The Bomb Squad, le groupe déploie un son puissant, à la fois classique et résolument actuel.

Le concert devient vite un exutoire collectif : slams, circle pits et chants repris en chœur rythment la performance, renforçant ce sentiment d’appartenance à une communauté solidaire et engagée. Les morceaux, courts mais incisifs, alternent habilement entre titres festifs et moments plus introspectifs, sans jamais perdre en intensité.
Malgré un horaire un peu compliqué en milieu d’après-midi, Mike McColgan and The Bomb Squad captivent l’attention, prouvant que le punk hardcore a toujours sa place dans les grands festivals.
Setlist mike Mccolgan and the bomb squad
- Cadence to arms
- Do or die
- Get up
- Never alone
- Memories remain
- Road of the Righteous
- Fightstarter karaoke
- barroom hero
- Boys on the docks
- Skinhead on the MBTA

Premier passage de la journée sous l’Altar pour découvrir The Night Eternal. Le groupe allemand a offert une prestation intense et hypnotique. Leur néo-heavy metal, teinté d’influences occultes et d’une élégance rétro, a su captiver un public avide de nouveautés dans le paysage metal contemporain.

Porté par la voix puissante de son frontman, le groupe déploie une atmosphère sombre mais maîtrisée, évoquant parfois les sonorités des légendaires In Solitude, sans jamais tomber dans l’imitation. Leurs riffs précis et mélodiques, alliés à une production soignée, ont donné naissance à un set cohérent et immersif.
De nombreux festivaliers oscillaient entre headbangs mesurés et immersion attentive, preuve d’une connexion réussie entre le groupe et son public. L’une de mes belles découvertes de la journée, confirmant leur ascension sur la scène metal européenne.

Retour à la case départ en mainstage pour le concert de Last train. Les quatre Alsaciens sont venus avec une seule idée en tête : faire du rock. Du vrai. Du brut. Tendu comme un câble sous tension.
Après Cachemire en ouverture de journée, leur présence confirme l’ouverture progressive du Hellfest à une nouvelle génération de groupes français, moins metal mais tout aussi puissants. Last Train fait partie de ces formations montées en puissance depuis une décennie, jusqu’à devenir aujourd’hui une valeur sûre de la scène rock hexagonale.
Le quatuor défend son nouvel album, III, sorti en janvier : un retour aux fondamentaux, avec une guitare râpeuse, une basse grondante, une batterie sèche et une voix sans fard. Pas de vernis, pas de détour. Dès les premières notes, le ton est donné. Les titres s’enchaînent avec l’énergie rageuse de ceux qui n’ont plus rien à prouver, mais tout à transmettre.
Il y a chez eux un goût de la vieille école, un héritage non dissimulé des grandes heures du rock, mais surtout une sincérité désarmante. Pas de gimmicks ni d’effets de manche : tout vient de l’intérieur.
Le public, encore parsemé au départ, s’est densifié peu à peu, happé par cette intensité scénique. En moins d’une heure, Last Train a su imposer son style sans dévier de sa ligne. Sans compromis, mais sans provocation non plus.
On ressort de ce set sonné, lessivé, galvanisé. Comme après un bon combat. Et l’on se dit qu’avec des groupes comme celui-là, le rock français n’a pas fini de hurler. Et c’est tant mieux.
Setlist
- Home
- Way out
- On our Knees
- Between wounds/ one side road
- The big picture
Après le set brûlant de Last Train, une pause s’impose. Le temps d’aller s’hydrater, s’alimenter… ou du moins essayer. Car sous cette canicule oppressante, s’abreuver relève parfois du parcours du combattant. Les points d’eau, pris d’assaut, peinent à répondre à l’affluence : un mince filet s’écoule, lentement, trop lentement, pendant que les files s’allongent sous le soleil de plomb.
Dans ce contexte, je tiens à saluer ceux qu’on voit trop peu, et qui sont pourtant essentiels : les équipes de sauveteurs en mer, mobilisées chaque année au Hellfest. Leur efficacité et leur humanité méritent d’être soulignées. Ma collègue ayant été victime d’un malaise lié à la chaleur, leur prise en charge a été rapide, bienveillante, et empreinte d’un vrai professionnalisme.
Leur position, juste à côté de la scène Altar, s’est avérée providentielle. Et pendant que je veillais sur ma collègue depuis le poste de secours, j’ai pu assister au concert de 3 Inches of Blood — mais ça, je vous en reparlerai un peu plus tard.
Dès les premières notes de My House, Royal Republic a capté l’attention d’une foule déjà survoltée. Fidèle à sa réputation, le quatuor suédois a distillé un rock énergique, teinté d’humour et de groove, avec une aisance scénique déconcertante. La voix charismatique d’Adam Grahn, portée par une rythmique musclée et des guitares incisives, a rapidement mis le public dans sa poche.
Tirant à la fois dans son répertoire classique et dans les morceaux plus récents de leur dernier album, le groupe a su maintenir une intensité constante. Chaque titre enchaîné relançait la dynamique, sans jamais tomber dans la redondance ni laisser retomber la tension.
Parmi les surprises du set, une reprise disco inattendue de Venus (Shocking Blue) et un clin d’œil à Battery de Metallica ont démontré leur capacité à jongler entre légèreté et hommage, avec ce brin d’autodérision qui les caractérise. De quoi faire sourire les puristes autant que séduire les curieux.
Et parmi ces curieux, j’en faisais partie. J’avoue avoir survolé quelques titres à l’annonce de la programmation, sans être franchement emballé. Mais c’est bien là toute la magie du live : Royal Republic fait partie de ces groupes qui prennent une tout autre dimension sur scène. Plus vivant, plus direct, plus percutant. Une vraie claque – inattendue, et donc d’autant plus savoureuse.
Setlist
- My house
- Lovecop
- Getting along
- Baby
- Venus (shocking blue cover)
- Full steamspacemachine
- Lazerlove
- Boomerang (accoustic)
- Tommy-gun
- Battery (Metallica cover)
- Rata-Tata
Alors que la foule s’amasse sous la tente Altar, je choisis de me rapprocher de Spiritbox, qui impose dès les premiers accords une atmosphère aussi intense que singulière. Les Canadiens déploient un mélange captivant de metal progressif et metalcore, porté par la voix envoûtante de Courtney LaPlante.
Le set démarre avec les envolées mélodiques et planantes de Holy Roller, morceau phare qui allie puissance et émotion brute. Le contraste saisissant entre les growls profonds et les lignes vocales cristallines s’accompagne d’une précision instrumentale exemplaire. Spiritbox joue avec les dynamiques et textures, alternant riffs lourds, passages atmosphériques et breaks subtils, captivant un public très réceptif. Le show, à la fois technique et viscéral, trouve un équilibre délicat qui force le respect.
Les morceaux extraits de leur dernier album Eternal Blue résonnent avec une intensité particulière en live, amplifiant leur dimension émotionnelle et rendant palpable la communion entre le groupe et les festivaliers. Chaque titre invite à une immersion dans un univers à la fois sombre et lumineux, où fragilité et puissance se conjuguent avec élégance.
Setlist
- Fata Morgana
- Black Rainbow
- Perfect soul
- Jaded
- The void
- Circle with me
- Holy roller
- Sew me up
- Soft spine
- No loss, no love
- ride the wave
- Cellar door
Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et c’est finalement depuis le poste des secouristes, collé juste à côté de la tente Altar, que je vais suivre le concert de 3 Inches of Blood. Malgré cette position un peu décalée, l’énergie guerrière et le heavy metal flamboyant des Canadiens parviennent parfaitement jusqu’à moi.
Sur scène, le groupe livre une débauche d’énergie, mêlant avec brio les classiques du metal traditionnel à un souffle de modernité. Les morceaux emblématiques tels que Deadly Sinners, Destroy the Orcs ou encore The Great Hall of Feasting déclenchent un raz-de-marée dans la foule, oscillant entre headbanging frénétique et pogos enflammés.
Après une longue pause, 3 Inches of Blood prouve que sa puissance scénique et sa passion sont intactes. Leur performance mémorable ravit autant les fans historiques que les nouveaux venus.
Setlist
- Upon the boiling sea I: fear on the bridge
- Battles and brotherhood
- God of the cold white silence
- Destroy the orcs
- Call of the hammer
- Trial of champions
- Night marauders
- Forest king
- Deadly sinners
- The goatriders horde
Après une pause bien méritée et avant d’attaquer une soirée qui s’annonçait monumentale, direction la Mainstage 01 pour un moment très attendu : le retour des guerriers mongols de The Hu.

Déjà auteurs d’une performance mémorable lors de leur précédent passage – à tel point que des centaines de festivaliers s’étaient agglutinés devant les écrans géants faute de place autour de la Temple – le groupe bénéficiait cette fois d’un positionnement à la hauteur de sa popularité : promotion en Mainstage, décision saluée par le public.

Dès les premières secondes, la foule est happée par un véritable rituel tribal. Le décor frappe fort : un gigantesque buste de Gengis Khan domine la scène, tel un totem ancestral veillant sur ses héritiers. La mise en scène évoque les vastes steppes mongoles, entre force brute et spiritualité millénaire
Le groupe déploie son “Hunnu Rock”, fusion inédite entre metal occidental et instruments traditionnels mongols – morin khuur, tovshuur, guimbarde – le tout porté par les chants diphoniques envoûtants. Le son est massif, brut et envoûtant. Chaque riff, chaque chant guttural, chaque battement tribal semble transformer la fosse en armée conquérante. Les pogos s’enchaînent, les refrains sont repris en chœur : l’immersion est totale.

Clou du spectacle, la reprise du légendaire « The Trooper » d’Iron Maiden électrise les festivaliers. Chanté à pleine voix, ce moment de communion confirme la capacité du groupe à briser les barrières culturelles et linguistiques, unifiant la foule sous la bannière d’un metal résolument mondial.
Le set s’achève comme il a commencé : puissant, incarné, fédérateur. Une performance magistrale, qui confirme The Hu comme l’un des groupes les plus singuliers et captivants de la scène actuelle. Leur passage aura parfaitement chauffé la Mainstage pour les têtes d’affiche à venir, et laissera une trace indélébile dans la mémoire collective du festival.

Setlist
- Upright destined mongol
- Lost
- The same
- The Gereg
- Grey hun
- The trooper (iron maiden cover)
- Black thunder
- Yuve Yuve Yu
- Wolf totem
- This is mongol
Ce soir encore, on change de scène mais pas d’intensité : cap sur la Mainstage 2 pour accueillir Sharon den Adel et les Néerlandais de Within Temptation. Un rendez-vous attendu, et une montée en puissance parfaitement maîtrisée.
La chanteuse entre en scène sous un tonnerre d’applaudissements, drapée dans une robe stylisée, aux teintes discrètes mais évocatrices du drapeau français. Derrière elle, une scénographie monumentale : écrans panoramiques, structures métalliques en mouvement, flammes, effets visuels millimétrés. L’ambiance bascule — le Hellfest plonge dans un opéra symphonique et métallique grandiose.

Dès les premières mesures de Wireless, la tension monte. Sharon enchaîne les lignes vocales exigeantes avec une justesse bluffante, portée par un groupe parfaitement rodé. Le set navigue habilement entre les classiques incontournables (Paradise, Angels, Faster, The Reckoning) et des titres plus récents.

Mais c’est Bleed Out qui marque un tournant. Présenté pour la toute première fois en live, ce morceau inédit résonne comme un cri politique et personnel. “Un cri de colère face au monde”, annonce Sharon, avant de livrer une performance habitée, puissante, viscérale. Le public est suspendu à ses mots, submergé par cette intensité nouvelle, plus sombre, plus directe.

Within Temptation a livré un show magistral, entre émotion pure et puissance visuelle. Sharon den Adel, impériale, confirme son statut de figure incontournable du metal symphonique. Avec Bleed Out, le groupe prend un virage plus engagé — et cette évolution semble rencontrer un écho profond dans le cœur des festivaliers.
Setlist
- We go to war
- Bleed out
- *Faster
- In the middle of the night
- Stand my ground
- Paradise (What about us?)
- Don’t pray for me
- Wireless
- Supernova
- What have you done
- Lost
- The reckoning
- Our solemn hour
- Mother Earth
Véritable coup de tonnerre lors de l’annonce de l’affiche, Muse a monopolisé les discussions des différents forums pour savoir si leur place étaient vraiment méritée au hellfest, une partie du public a crié à la trahison. Le groupe, connu pour ses influences progressives, rock alternatif et électro-pop, ne colle pas à l’étiquette « metal extrême » que beaucoup associent au Hellfest.
Malgré la division des fans et les pronostics annonçant que l’on pourrait s’approcher de la scène car il n’y aurait pas de monde dans le public, il faut admettre que les détracteurs du groupe se sont largement plantés à ce sujet, car avant que le concert ne commence il était difficile de se frayer un chemin pour aller au plus près du groupe.
Musicalement, Muse coche toutes les cases du show grandiose, capable d’impressionner même les métalleux les plus rugueux.
La setlist semble taillée pour l’occasion : Psycho, Kill or Be Killed, Hysteria, Stockholm Syndrome… Les titres les plus “agressifs” sont de sortie.
Même clin d’œil à Gojira avec un riff de Stranded glissé dans un solo, et à Nirvana avec Heart-Shaped Box. Une forme de respect au lieu et à son histoire.
La scénographie ? Comme toujours chez Muse, impeccable, grandiose, visuelle. Lasers, robots, projections, tout est calibré au millimètre.
Le show aurait pu être monumental. Il ne fut que correct, à cause d’un énorme raté : le son.
Dès les premières notes, on devine que quelque chose cloche. La guitare de Bellamy est étouffée, sa voix en retrait, la batterie domine… et jamais l’équilibre ne reviendra.
Un set en deux temps, entre déceptions techniques et explosion finale. Muse a su réaffirmer son éclat en seconde partie, offrant un show visuellement et musicalement ambitieux. Le pari stylistique, bien que risqué, paye sur la durée, mais il soulève une question : le Hellfest est-il en train de redéfinir ses frontières ? Les puristes restent dubitatifs, tandis qu’une majorité de festivaliers semble conquise.
Setlist
- Unravelling
- Stockholm syndrome
- Psycho
- Kill or be killed
- Won’t stand down
- Interlude
- Hysteria
- We are fucking fucked ( Gojira « stranded » et Nirvana « Heart-shaped »
- Kill or be killed
- New born
- Citizen erased
- Hanging in Victory square
- Time is running out
- Will of the people
- Supermassive black hole
- Plug in baby
- The 2nd law: isolated system
- Knights of Cydonia
Alors que les dernières notes s’évanouissent dans la nuit chaude de Clisson, il est grand temps pour moi de regagner mes pénates. La foule se disperse lentement, le sol vibre encore des basses du show, et l’air demeure saturé de chaleur et de poussière. La journée de demain s’annonce tout aussi caniculaire, et les décibels ne manqueront pas de nous remettre dans le bain dès les premières heures. Muse aura lancé le débat, ouvert la nuit — et laissé une empreinte, quelle qu’en soit la lecture.


